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Actualités - Agenda - Peinture

Eugène Leroy au MUba (1980–2000) : la peinture comme expérience de lumière

Peinture épaisse et vibrante d’Eugène Leroy, L’Été (1999) : strates d’ocres, rouges et bleus où la figure affleure dans la lumière MUba Tourcoing art_mag
ACMHDF / Franck Boucourt

Du 3 octobre au 5 avril 2026, au MUba Eugène Leroy (Tourcoing) expose plus de 80 œuvres retracent les deux dernières décennies de création d’Eugène Leroy (1980–2000). Une traversée dense où la couleur, déposée en strates, fait advenir la figure, la saison, l’heure — la lumière comme destin.

Femme (1981) d’Eugène Leroy, grand format aux empâtements épais, mur blanc. Exposition au MUba Tourcoing du 3 octobre 2025 au 5 avril 2026 ; article art mag
Eugène Leroy, Femme, 1981, huile sur toile © Boris Rogez / LaM

Pourquoi cette exposition compte ?

Longtemps « à l’écart des modes », Leroy gagne une reconnaissance internationale dans les années 1980–1990 (Gand, Paris, Eindhoven, Cologne, documenta 1992, Biennale de Venise 1995). Revenir à ces années tardives, c’est mesurer la radicalité d’une peinture qui refuse l’effet pour viser « l’image juste ».

Peindre la lumière plutôt que le motif

Dans l’atelier de Wasquehal — fenêtres nord et sud, « lumière devant, lumière derrière » — le modèle, le reflet, le paysage sont soumis à un régime d’éclairement changeant. Leroy cherche « la trace du vécu » et enfouit l’anecdote : le détail importe moins que la sensation lumineuse.

Paysage d’Eugène Leroy (1982) : pâte verte et terreuse, touches non mélangées, sensation d’atmosphère changeante
Eugène Leroy, Paysage, 1982, huile sur toile, collection privée. © Florian Kleinefenn

1990–2000 : le nu, la verticalité, l’épure

À partir de 1990, le nu féminin devient le lieu de l’épure. Les formats se redressent ; la matière prolifère mais la figure s’allège, comme spiritualisée par la verticalité. Les touches, souvent posées au tube ou au couteau, fragmentent la polychromie et rythment la surface.

Nu allongé esquissé au fusain et lavis par Eugène Leroy : trait rapide, réserves blanches actives comme lumière.Exposition au MUba Tourcoing du 3 octobre 2025 au 5 avril 2026 ; article art mag
Eugène Leroy, Sans titre (nu allongé d’après la Vénus endormie de Giorgione), 1980–1990, fusain, lavis et craie blanche sur papier, MUba Eugène Leroy. © Florian Kleinefenn

Dialogues avec l’histoire : Mondrian, Poussin, Rembrandt

Le regard vers Mondrian n’est pas celui des grilles mais d’une rythmique de plages non mélangées ; Poussin inspire deux cycles des Saisons, où la peinture se règle au temps cosmique ; Rembrandt et Giorgione demeurent des compagnons de longue durée.

Dessiner pour surprendre le geste

Jamais préparatoire, le dessin est un champ autonome : fusain, sanguine, gouache, aquarelle… Il s’agit de « surprendre » le mouvement, parfois sans regarder la feuille, avec des réserves de blanc actives comme lumière.

Feuille au fusain : lignes sommaires, volumes suggérés, grandes réserves blanches.Exposition au MUba Tourcoing du 3 octobre 2025 au 5 avril 2026 ; article art mag
Sans titre, 1980–1990, fusain (MUba) © Florian Kleinefenn

Parcours et œuvres clés à ne pas manquer

  • Cycles des Saisons et toiles « indexées » à la lumière (Fait en hiver, L.M. le soir).
  • Nus verticaux des années 1990, surfaces « grenues », poussées de matière.
  • Grandes gouaches des années 1980 et séries au fusain.
Eugène Leroy assis dans son atelier de Wasquehal vers 1990, toiles épaisses posées contre le mur, lumière latérale.Exposition au MUba Tourcoing du 3 octobre 2025 au 5 avril 2026 ; article art mag
Marina Bourdoncle, Eugène Leroy dans son atelier de Wasquehal, vers 1990, tirage argentique, MUba Eugène Leroy.© ACMHDF / Franck Boucourt

Infos pratiques

MUba Eugène Leroy, 2 rue Paul Doumer, 59200 Tourcoing

Du 3 octobre 2025 → 5 avril 2026

Horaires : tous les jours (sauf mardis et jours fériés), 13h–18h

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FAQ

Qui est Eugène Leroy ?
Peintre né à Tourcoing (1910) et décédé à Wasquehal (2000), il construit une œuvre majeure où l’épaisseur de la couleur sert la lumière et non l’effet.

Que montre l’exposition du MUba ?
Plus de 80 peintures et dessins couvrant 1980–2000 : nus verticaux, autoportraits, saisons, grandes gouaches et fusains.

Quelles influences revendique Eugène Leroy ?
Mondrian pour le rythme des couleurs pures, Poussin pour le temps des saisons, ainsi que Rembrandt et Giorgione.

Pourquoi la matière est-elle si épaisse ?
Elle résulte de reprises longues jusqu’à « l’image juste » ; la pâte n’est jamais un but en soi.

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Artistes à la une - Sculpture

Régis Sinoquet – L’animal révélé : la sculpture d’un monde en sursis

Sculpture animalière de Régis Sinoquet — buste de panthère en céramique, modelé nerveux, vue frontale.

Sculptures animalières, céramique enfumée, regard vivant : l’œuvre de Régis Sinoquet redonne à l’animal sa noblesse et nous confronte à la fragilité du monde. Une rencontre rare avec un sculpteur qui incarne le souffle du vivant.

Sculpture animalière de Régis Sinoquet — tête de guépard en céramique, texture expressive, bord de rivière.
Tête de Guépard

L’animal, mémoire et présence

Il y a des artistes qui donnent forme aux idées. D’autres donnent chair à l’émotion. Régis Sinoquet sculpte, lui, la présence. L’animal n’est pas motif : il est mémoire, souffle, altérité. Sa céramique n’imite pas : elle incarne. Elle vous regarde et vous relie — à cette part de vivant que nous oublions trop souvent de voir.

Sculpture animalière de Régis Sinoquet — buste de panthère en céramique, modelé nerveux, vue frontale.
Panthère

La terre comme mémoire du geste

L’argile est matière vivante : elle garde les élans, les hésitations, la vitesse du doigt. Sinoquet revendique la trace — ce modelé nerveux, cette peau texturée — comme écriture. La posture surgit, juste, avant que la cuisson ne fige la tension.
Par enfumage au carbone à haute température, des contrastes de mats et de brillants révèlent la musculature et le mouvement. Parfois affleure l’appel du bronze, du bois ou de la pierre ; et pourtant tout revient à la céramique, à la terre magnifiée par le feu.

Sculpture animalière en céramique enfumée de Régis Sinoquet — panthère noire, texture brute, nature en arrière-plan.
Panthère noire

Panthère : l’ombre majestueuse

Figure totémique chez l’artiste, la panthère devient l’ombre majestueuse d’un monde qui se rétracte. Rendue à sa vérité sauvage et fragile, elle concentre le propos : un regard précis, deux orbites comme planètes, un face-à-face silencieux qui installe l’émotion. La sculpture vous observe autant que vous l’observez.

Fidélité sans académisme

Ni virtuosité démonstrative, ni effet de style. Sinoquet cherche la justesse habitée : une oreille tendue, une patte levée, une cambrure… équilibre entre tension et grâce. La connaissance de l’anatomie animale se double d’une expression vibrante. On reconnaît sa signature : matière vive, grain, souffle.

Sculpture animalière de Régis Sinoquet — tête de zèbre en céramique à craquelures, profil, fond de nature.
Zèbre

Un art de la vigilance

Redonner à l’animal sa noblesse, c’est aussi nommer ce que nous menaçons. La sculpture devient veille — un hommage discret mais puissant à un monde en sursis. Regarder ne suffit plus : il faut reconnaître et défendre. Parfois, une panthère d’argile en dit plus long qu’un discours.

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FAQ

Qui est Régis Sinoquet ?
Un sculpteur contemporain dont l’œuvre animalière, principalement en céramique, explore la présence du vivant par une écriture de matière et de regard.

Quelles techniques utilise-t-il ?
Modelage de l’argile, cuisson et enfumage au carbone générant des contrastes mat/brillant ; parfois des déclinaisons en bronze ou dialogues avec bois et pierre.

Pourquoi la panthère revient-elle souvent ?
Figure totémique et miroir de notre rapport au sauvage : énergie, discrétion, fragilité — une icône qui interroge notre vigilance.

La sculpture animalière en céramique est-elle fragile ?
Les pièces sont cuites et stabilisées ; avec transport et installation adaptés, elles s’intègrent durablement dans une collection.

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Retrospective - Sculpture

Une rétrospective vibrante au cœur des Ateliers de la Morinerie

Sarah Scouarnec, Pierre-Jean Chabert et Thibault Jandot discutant devant une série d’œuvres animalières exposées aux Ateliers de la Morinerie à Saint-Pierre-des-Corps. À gauche, plusieurs peintures représentant des chimpanzés ; au centre, les trois artistes échangent dans une ambiance conviviale au cœur de l’espace d’exposition.

À Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours, les Ateliers de la Morinerie se sont transformés en véritable laboratoire de création contemporaine. Quelques jours avant leurs portes ouvertes, les artistes Pierre-Jean Chabert (sculpteur animalier), Sarah Scouarnec (plasticienne) et Thibault Jandot (peintre) ont dévoilé une exposition inédite, empreinte d’une énergie commune : celle du vivant sous toutes ses formes.

Ensemble de sculptures animalières en bronze de Pierre-Jean Chabert exposées aux Ateliers de la Morinerie. Cerfs, loups, ours et oiseaux se dressent dans une composition dynamique évoquant la puissance du bestiaire contemporain et la vitalité du vivant.

Cette immersion artistique réunit trois univers contrastés mais complémentaires. Le métal, la terre et la couleur s’y répondent avec puissance, dans un dialogue où le geste devient un langage et la matière, une mémoire.

Pierre-Jean Chabert : la force tellurique du bestiaire

Le sculpteur Pierre-Jean Chabert impose d’emblée un univers brut et organique. Ses bronzes animaliers – rhinocéros, gorilles ou mandrills – semblent figés dans un élan suspendu. La matière y respire, presque animale.

Sculpture en bronze de Pierre-Jean Chabert représentant une tête d’animal fantastique mêlant formes de hippopotame et de créature mythique. L’artiste capture l’énergie brute de la matière dans une œuvre à la fois puissante et expressive.

Chabert ne cherche pas à représenter l’animal : il le révèle. Dans ses œuvres fondues dans l’une des cinq fonderies avec lesquelles il collabore, l’artiste capture une tension musculaire, un déséquilibre prêt à naître.
Chaque pièce conserve la puissance du geste et la vibration du modelage, entre force primitive et élégance naturelle.

Sarah Scouarnec : la grâce du féminin archaïque

Face à cette intensité tellurique, Sarah Scouarnec installe un contrepoint onirique. Ses sculptures, inspirées par le surréalisme et la mythologie, convoquent une féminité ancrée, végétale, presque chamanique.

Sculpture en terre cuite patinée de Sarah Scouarnec représentant deux visages entrelacés, entourés de formes organiques. Une œuvre onirique aux tonalités bleues, inspirée du surréalisme et de la mythologie, exposée aux Ateliers de la Morinerie.

L’artiste laisse visible la trace du travail manuel, cette empreinte de la main qui relie la terre à l’esprit. Entre rêve et réalité, ses œuvres ouvrent une respiration poétique, une connexion intime entre l’humain et la nature.

Thibault Jandot : la pulsation urbaine

Issu du graffiti, Thibault Jandot apporte à cet ensemble une énergie électrique. Sa peinture, vive et instinctive, prolonge la tension animale de Chabert tout en s’inscrivant dans un univers plus urbain.

Ensemble de peintures de Thibault Jandot exposées aux Ateliers de la Morinerie à Saint-Pierre-des-Corps. Série d’expressions animales représentant des chimpanzés et autres figures animalières sur fond bleu, mêlant énergie urbaine et gestuelle instinctive.

Ses toiles explosent en couleurs, comme traversées par une onde. En lien direct avec les sculptures exposées, elles amplifient la vibration vitale du lieu : celle d’une nature sauvage, d’une énergie brute, d’un art qui respire.

Une symbiose artistique : matière, esprit et présence

Ce dialogue à trois voix révèle une cohérence rare. Chabert, Scouarnec et Jandot célèbrent, chacun à leur manière, la force du vivant. L’un sculpte la matière, l’autre lui donne souffle, le troisième l’électrise.
Aux Ateliers de la Morinerie, la création devient une expérience sensorielle totale : un retour à la présence, à l’énergie essentielle des choses, à la puissance évocatrice de l’art.

Pour allez plus loin : Reportage complet ART MAG 27 retour sur une immersion artistique aux Ateliers de la Morinerie

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Femmes artistes - Peinture

Odette Pauvert (1903–1966) : une modernité classique au temps de l’Art déco

Portrait photographique d’Odette Pauvert, artiste peintre française, posant en manteau clair et chapeau à motifs géométriques devant un mur de pierre, années 1920.

Première femme peintre Grand Prix de Rome (1925), Odette Pauvert forge une modernité sobre et frontale, nourrie du Quattrocento et pensée pour le grand décor. De la Villa Médicis aux scènes intimes de l’après-guerre, son parcours éclaire une autre histoire de l’entre-deux-guerres.

Repères biographiques

Formée aux Beaux-Arts de Paris, Pauvert séjourne à la Villa Médicis (1926-1929) où s’affinent contours nets, couleurs mates et portrait-paysage. De retour à Paris, elle vise la peinture murale (église du Saint-Esprit, décor scolaire, Sèvres, Exposition 1937). En 1934, la Casa de Velázquez libère son dessin (fusain, sanguine). Après 1945, contraintes matérielles et vie familiale orientent vers des formats resserrés sans renier l’ambition initiale.

Style & œuvres clés

  • Promotion 1926 (1927) — signature de la période romaine.
  • Invocation à Notre-Dame-des-Flots (1925) — classicisme habité.
  • Habib Benglia (1931), Paris 1932 (Yvonne Pesme)frontalité souveraine.
  • Le Torero (1934) — stylisation et tension des lignes.
  • Odile, Yves et Rémy au Rond-Point des Champs-Élysées (1946) — tournant domestique.

Héritage

Longtemps éclipsée par les avant-gardes, Pauvert illustre une modernité alternative : clarté, échelle, discipline du regard. Les relectures récentes la replacent parmi les créatrices majeures du XXe siècle, entre Art déco et tradition renaissante.

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FAQ

Qui est Odette Pauvert ?
Odette Pauvert est une peintre française de l’Art déco, première femme peintre lauréate du Grand Prix de Rome en 1925. Son œuvre propose une modernité sobre et frontale, nourrie du Quattrocento et pensée pour le grand décor.

Pourquoi est-elle importante dans l’histoire de l’Art déco ?
Parce qu’elle incarne une modernité classique alternative aux avant-gardes : clarté des formes, contours nets, couleurs mates, sens de l’échelle murale et discipline du regard.

Où s’est-elle formée ?
Aux Beaux-Arts de Paris, puis à la Villa Médicis (1926–1929), où s’affinent sa frontalité et son rapport portrait-paysage. Un passage à la Casa de Velázquez (1934) libère son dessin (fusain, sanguine).

Qu’appelle-t-on “modernité classique” chez Pauvert ?
Une recherche d’équilibre et de lisibilité héritée de la Renaissance italienne (Quattrocento), appliquée à des sujets contemporains : portraits, scènes, et peintures murales.

Quelles sont ses œuvres clés à connaître ?

  • Promotion 1926 (1927) — période romaine.
  • Invocation à Notre-Dame-des-Flots (1925) — classicisme habité.
  • Habib Benglia (1931), Paris 1932 (Yvonne Pesme)frontalité souveraine.
  • Le Torero (1934) — stylisation et tension des lignes.
  • Odile, Yves et Rémy au Rond-Point des Champs-Élysées (1946) — tournant domestique d’après-guerre.

Qu’entend-on par “portrait-paysage” dans son travail ?
Un cadre frontal où le modèle s’inscrit dans un espace architecturé (décor, ville, mer), créant un dialogue entre figure et environnement.

A-t-elle réalisé des œuvres monumentales ?
Oui. Elle vise le grand décor : église du Saint-Esprit, décors scolaires, collaborations avec Sèvres, participation à l’Exposition internationale de 1937.

Comment évolue son style après 1945 ?
Les contraintes matérielles et familiales la conduisent à des formats plus resserrés sans renier l’ambition de clarté, de frontalité et d’échelle.

En quoi se distingue-t-elle des avant-gardes ?
Elle privilégie la mesure, la structure et la lisibilité à la rupture formelle radicale : une modernité alternative dans l’entre-deux-guerres.

Où voir l’exposition Odette Pauvert à Roubaix ?
À La Piscine – Musée d’Art et d’Industrie, Roubaix, du 11 octobre 2025 au 11 janvier 2026 (dates utiles pour préparer la visite et le référencement local).

Quelles techniques privilégie-t-elle ?
Le dessin (fusain, sanguine), la peinture aux aplats mats, une ligne claire et un modelé contrôlé au service de la frontalité et de l’échelle.

Pourquoi la redécouvrir aujourd’hui ?
Les relectures récentes replacent Pauvert parmi les créatrices majeures du XXe siècle, à la croisée de l’Art déco et de la tradition renaissante.

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Actualités - Femmes artistes - Peinture

Odette Pauvert à La Piscine (Roubaix) — Exposition Art déco

Portrait collectif peint par Odette Pauvert, montrant plusieurs personnages de face et de profil, dont une jeune femme coiffée d’un bonnet coloré et un homme vêtu d’un foulard jaune.

Exposition Odette Pauvert à La Piscine (Roubaix) : la première femme peintre Grand Prix de Rome signe une modernité classique nourrie de l’Italie et du grand décor Art déco. Un parcours riche — Rome, Paris, Bretagne, Espagne — qui recontextualise l’entre-deux-guerres. Du 11 octobre 2025 au 11 janvier 2026.

Autoportrait d’Odette Pauvert portant un foulard rouge noué autour de la tête, regard frontal, style figuratif et expressif.
Autoportrait au foulard rouge 1926 Pastel sur papier gris 41 x 33 cm
Collection particulière Photo : Alain Leprince

Pourquoi cette exposition est incontournable ?

  • Première femme peintre Grand Prix de Rome (1925) : un jalon majeur de l’histoire de l’art français.
  • Un regard neuf sur l’Art déco : la peinture de Pauvert conjugue frontalité, matité et portrait-paysage nourris par le Quattrocento.
  • Un parcours riche : Rome (Villa Médicis), Paris et l’ambition du grand décor, Bretagne, Espagne (Casa de Velázquez), puis l’intimité de l’après-guerre.
Portrait photographique d’Odette Pauvert, artiste peintre française, posant en manteau clair et chapeau à motifs géométriques devant un mur de pierre, années 1920.

Qui est Odette Pauvert ?

Née en 1903, Odette Pauvert suit une formation aux Beaux-Arts de Paris et remporte en 1925 le Grand Prix de Rome, devenant la première femme peintre à obtenir cette distinction. De 1926 à 1929, pensionnaire à la Villa Médicis, elle élabore un style personnel : contours nets, couleurs mates, clarté décorative et formule “portrait-paysage”.


À son retour à Paris, elle affiche une ambition de fresquiste (église du Saint-Esprit, décor scolaire à Paris, garderie de Sèvres, Exposition de 1937), même si les commandes resteront rares dans un contexte très concurrentiel.

A lire aussi : Odette Pauvert, (1903-1966): une modernité classique au temps de l’Art Deco

Portrait du comédien Habib Benglia par Odette Pauvert, tenant un masque africain devant son visage, entouré de masques traditionnels sculptés.
Habib Benglia 1931 Huile sur toile 55,3 x 43,2 cm Collection particulière
Photo : Alain Leprince

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Le parcours de l’exposition (repères)

1) Rome, l’“enivrement” (1926-1929) — La révélation italienne : frontalité, matité, références aux fresques de la Renaissance et aux maîtres du XVe siècle.
2) Paris & grand décor (1930-1937) — L’idéal mural s’affirme : chantiers et projets publics, la peinture pensée à l’échelle de l’architecture.
3) Bretagne — Paysages, figures et légendes, une veine ancrée dans les traditions régionalistes.
4) Espagne (1934) — Séjour à la Casa de Velázquez : grands dessins fusain + sanguine, énergie des paysages castillans et andalous.
5) L’après-guerre & l’intime — Mariage (1937), enfants, contraintes matérielles : formats plus modestes et scènes de vie familiale.

Portrait en pied d’un torero espagnol par Odette Pauvert, vêtu d’un costume de lumière vert et or, tenant son épée et coiffé d’une montera noire.
Le Torero 1934 Huile sur toile 138 x 65 cm Collection particulière
Photo : Alain Leprince

Infos pratiques & contexte

  • Dates : 11/10/2025 → 11/01/2026. Vernissage : vendredi 10/10/2025 à partir de 18h (ouvert à tous).
  • Adresse : La Piscine, 23 rue de l’Espérance, 59100 Roubaix.
  • L’exposition s’inscrit dans le centenaire de l’Art déco et la politique de visibilité des artistes femmes portée par le musée.
Tableau d’Odette Pauvert représentant trois enfants blonds en habits bleus avec leurs jouets, dans un jardin animé près du Rond-Point des Champs-Élysées.
Odile, Yves et Rémy au Rond-Point des Champs-Elysées 1946
Huile sur bois 80,6 x 41,5 cm Collection particulière Photo : Alain Leprince

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FAQ

Qui était Odette Pauvert ?
Peintre française (1903-1966), première femme peintre Grand Prix de Rome (1925), pensionnaire à la Villa Médicis (1926-1929), elle a développé une modernité classique nourrie du Quattrocento, entre portraits, paysages et projets muraux.

Quelles sont les dates de l’exposition à Roubaix ?
Du 11 octobre 2025 au 11 janvier 2026 à La Piscine – Roubaix.

Quelles œuvres phares peut-on voir ?
Promotion 1926 (1927), Invocation à Notre-Dame-des-Flots (1925), Habib Benglia (1931), Paris 1932 (Yvonne Pesme), Le Torero (1934), Odile, Yves et Rémy au Rond-Point des Champs-Élysées (1946).

Pourquoi l’exposition est-elle liée à l’Art déco ?
Elle accompagne le centenaire de l’Art déco et montre comment Pauvert propose, au temps de l’Art déco, une modernité alternative fondée sur la tradition et l’ambition décorative.

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Actualités - Street art

Arkane signe une fresque engagée à Cransac-les-Thermes : entre street art, féminisme et résilience

Arkane fresque engagée Cransac les thermes présentée dans le magazinevart mag

Une fresque murale féministe signée Arkane dans l’Aveyron

À Cransac-les-Thermes, en Aveyron, un mur vient de changer de visage — et peut-être même de fonction. Sous les pinceaux précis de l’artiste montpelliérain Arkane, une fresque monumentale a vu le jour, entièrement peinte à l’acrylique. Plus qu’une œuvre de street art décorative, cette création récente propose une lecture politique et poétique de notre époque.

Fresque murale de l’artiste Arkane à Cransac-les-Thermes représentant une jeune fille en armure colorée, tenant une lance. Elle arbore des éléments médiévaux revisités avec des motifs contemporains, un blason en forme de cœur, des rubans tricolores, et un casque orné d’une fleur de lys. Le ciel bleu nuageux renforce la dimension héroïque et engagée de la scène.

Au centre de la fresque : une jeune fille qui construit elle-même son armure. Des éléments médiévaux s’assemblent autour de son corps adolescent, dans une posture de protection, non d’agression. Le geste est fort, silencieux, habité.

Street art, autoprotection et engagement sociétal :
Arkane ne peint pas l’héroïsme spectaculaire. Il met en scène la résilience ordinaire, le besoin d’exister malgré tout, de survivre en se forgeant ses propres outils. La fresque résonne avec les enjeux de genre, les violences faites aux femmes et aux enfants, et la nécessité d’un regard attentif et bienveillant sur la jeunesse.

Une Marianne de rue : entre république, vulnérabilité et résistance

Derrière ce portrait symbolique, une figure nouvelle de Marianne émerge : jeune, vulnérable, inventive, elle incarne une France en lutte pour ses droits, mais également pour sa dignité intime. L’artiste détourne ici les codes traditionnels de la représentation féminine : pas d’idéalisation, mais une héroïne du quotidien, prête à affronter les menaces, non par la violence, mais par la créativité, la stratégie et la vigilance.

La peinture s’inscrit dans une tendance forte du street art contemporain français : celle d’un retour à l’humain, aux luttes sociales, à une forme d’introspection murale où chaque détail compte.

Qui est Arkane ?

Artiste muraliste engagé, entre pinceau et narration sociale

Arkane, de son vrai nom Arnaud De Jesus Gonçalves, est un artiste muraliste et photographe basé à Montpellier. Il se distingue dans le paysage du street art européen par un travail entièrement réalisé au pinceau, à contre-courant de l’usage majoritaire de la bombe. Chaque œuvre d’Arkane se lit comme une narration picturale, mêlant symboles, regards et récits silencieux.

Son style mêle réalisme social, abstraction symbolique, et un ancrage territorial fort. Ses œuvres apparaissent aussi bien dans les villes que dans des territoires ruraux, à l’image de cette fresque à Cransac. Il est également invité à l’international, notamment au Akumal Arts Festival (Mexique) en 2019.

Principaux thèmes abordés :

  • L’adolescence et la construction de soi
  • La mémoire des lieux
  • Les luttes sociales contemporaines
  • Le regard féminin et la résilience
  • L’identité et l’émancipation

Cransac-les-Thermes : quand l’art urbain s’invite en territoire thermal

Cransac, commune connue pour ses thermes et son passé ouvrier, s’affirme peu à peu comme un lieu d’expression artistique contemporain. En choisissant ce site, Arkane élargit les frontières du street art, souvent cantonné aux grandes villes. Il rappelle que les territoires ruraux sont eux aussi porteurs de récits, de luttes et d’imaginaires à révéler.

La fresque devient ici un trait d’union entre patrimoine, espace public et conscience sociale, dans une œuvre à la fois visuelle et politique, locale et universelle.

📷 À voir aussi :

  • Site officiel de l’artiste Arkane
  • Instagram : @arkane.artist
  • Œuvres visibles à Montpellier, La Seyne-sur-Mer, Frontignan, Avignon…

❓ FAQ — Street Art de Arkane à Cransac-les-Thermes

Qui est Arkane, l’artiste street art à Cransac-les-Thermes ?

Arkane, de son vrai nom Arnaud De Jesus Gonçalves, est un artiste muraliste et photographe français basé à Montpellier. Il est connu pour ses fresques engagées, réalisées au pinceau et à la peinture acrylique, abordant des thèmes comme la résilience, la jeunesse, les violences sociales et le féminisme. Il a réalisé des œuvres en France et à l’international.

Où se trouve la fresque d’Arkane à Cransac ?

La fresque est visible en extérieur à Cransac-les-Thermes, en Aveyron, dans le sud-ouest de la France. Elle est accessible au public et fait partie d’une démarche artistique visant à intégrer l’art urbain dans des territoires ruraux.

Quel est le message de la fresque d’Arkane à Cransac ?

L’œuvre représente une jeune fille construisant sa propre armure. Elle symbolise la protection, la résistance non violente et la capacité des femmes et des jeunes à se défendre dans une société marquée par l’insécurité et les violences. C’est une fresque puissante à portée sociale et politique.

Pourquoi cette fresque est-elle importante pour le street art en France ?

Elle démontre que le street art ne se limite pas aux grandes villes. En investissant un lieu comme Cransac, Arkane montre que l’art urbain peut faire sens en zone rurale, en créant du lien social, du patrimoine visuel et en posant des questions de société à tous les publics.

Quelle est la technique utilisée par Arkane ?

Arkane travaille exclusivement au pinceau, avec de la peinture acrylique. Contrairement à de nombreux artistes de street art qui utilisent la bombe, il privilégie une approche lente et minutieuse, proche de la peinture traditionnelle.

Peut-on visiter d’autres œuvres d’Arkane ?

Oui, ses œuvres sont visibles dans plusieurs villes de France comme Montpellier, La Seyne-sur-Mer, Frontignan, Avignon, ainsi qu’à l’étranger (Mexique, Espagne…). Il participe régulièrement à des festivals de street art.

Quel lien entre cette fresque et le féminisme ?

La fresque montre une jeune fille active, inventive, résiliente, en train de se protéger. C’est une réinterprétation moderne de Marianne, symbole républicain de liberté et d’émancipation. L’œuvre aborde la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, et défend une vision engagée du féminisme dans l’espace public.