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 L’art « dégénéré » : le procès de la modernité artistique au temps du nazisme

Oeuvre de George Grosz 1916 1917 oil on canva 100x 102 CM
© Estate of George Grosz, Princeton, N.J. / Adagp, Paris, 2024

Une exposition poignante au Musée national Picasso-Paris

Du 18 février au 25 mai 2025, le Musée national Picasso-Paris présente « L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme », une exposition exceptionnelle consacrée à la violente campagne de répression artistique orchestrée par le régime hitlérien dans les années 1930. Un événement muséal fort, politique et bouleversant.

Quand l’art devient un crime

Entre 1933 et 1945, le régime nazi mène une guerre ouverte contre les avant-gardes. Les artistes modernes sont accusés de pervertir l’âme allemande, de trahir la race, d’incarner une décadence venue d’ailleurs. Sous l’étiquette infamante d’« art dégénéré », plus de 20 000 œuvres sont retirées des musées, confisquées, détruites ou revendues.

L’exposition Entartete Kunst, organisée à Munich en 1937, en est le point d’orgue. Près de 700 œuvres y sont exposées dans une mise en scène humiliante destinée à provoquer le rejet. Deux millions de visiteurs y assistent, entre fascination et propagande.

Un accrochage fort, un récit structuré

Au Musée Picasso, cette histoire est racontée à travers une centaine d’œuvres, de documents rares et de témoignages bouleversants. Le parcours commence avec George Grosz, Paul Klee, Vassily Kandinsky, Otto Dix, Marc Chagall, ou encore Picasso, tous frappés d’interdiction.

Chaque œuvre exposée fut désignée comme « anormale », « malade », « bolchévique » ou « juive ». On redécouvre, entre autres :

  • Metropolis de George Grosz, symbole chaotique d’une société moderne en crise.
  • Nu assis s’essuyant le pied de Picasso, comparé par les nazis à des anomalies médicales.
  • Sumpflegende de Klee, moquée pour ses formes enfantines et jugée « dangereuse » pour l’esprit allemand.

Une exposition à forte valeur historique

L’exposition va bien au-delà de l’accrochage esthétique. Elle analyse aussi le discours pseudo-scientifique de la « dégénérescence » né au XIXe siècle et récupéré par les idéologues nazis. On y lit des lettres poignantes d’artistes exilés ou réduits au silence.

Un espace particulièrement marquant est consacré à la redécouverte de sculptures enterrées à Berlin, retrouvées en 2010 : fragments de mémoire qui ressurgissent littéralement des décombres.

Enfin, une dernière section s’attarde sur le marché noir de l’art « dégénéré ». Si ces œuvres furent méprisées en Allemagne, elles devinrent paradoxalement objets de spéculation à l’international. Un paradoxe qui interroge sur les rapports entre art, politique et argent.

ℹ️ Informations pratiques

 Info pratiques

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📰 ART MAG#26

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