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Jean Dometti – Exposition « Les éléments essentiels » à Mers-Les-Bains

Jean Dometti artiste peintre

Jean Dometti ne peint pas pour décorer les murs. Il peint pour ouvrir un passage, un espace de dialogue entre matière, mémoire et sensation. Du 16 mai au 15 juin 2025, le Centre culturel Jacques Prévert de Mers-Les-Bains expose 44 œuvres de l’artiste autour d’un thème fondateur : les quatre éléments. Terre, air, feu, eau… autant de forces que Dometti ne cherche pas à représenter, mais à convoquer, à faire vibrer au cœur même de la toile.

Le souffle d’une vie

Né en 1950, Jean Dometti a grandi avec les secousses de mai 68. Il entre dans la création par le théâtre, conçoit des décors, des costumes, puis se forme à l’École Normale Supérieure de Cachan dans la section art et création industrielle. Il y côtoie plasticiens et designers, graveurs et penseurs de l’espace visuel. Très tôt, il choisit une voie exigeante : vivre de l’art sans dépendre du marché, enseigner pour préserver la liberté de créer.

Son œuvre s’enracine dans les lieux — montagnes corses, cathédrales, usines en ruine — mais surtout dans leur mémoire. Jean dessine, grave, peint ce que le lieu lui murmure. La matière est un langage, et l’artiste son traducteur. Bois, toile, ardoise, papier fait main… chaque support porte une histoire que l’artiste révèle, prolonge, incise parfois, comme dans ses gravures de jeunesse exposées aujourd’hui à la Bibliothèque nationale.

Une peinture de résilience

L’exposition présentée à Prévert est aussi le récit d’un basculement. En 2020, au tout début du Covid, Dometti apprend qu’il est atteint d’un cancer. Il passe six mois à l’hôpital, s’ouvre à une nouvelle perception de la vie, et avec elle, une transformation radicale de sa peinture. Plus de lumière. Plus de contradictions assumées. Plus d’élan.

« Les éléments m’ont sauvé », confie-t-il. « J’ai retrouvé la lumière. »

On retrouve cette énergie dans ses toiles rondes, une première dans sa carrière, où l’eau côtoie le feu, l’air tourbillonne au-dessus de la terre. Il mêle l’organique et l’abstrait, le brut et le délicat, dans une série qui semble flotter entre le monde réel et le monde intérieur.

Une exposition habitée

À travers 44 œuvres, dont 26 pièces sur papier, des techniques mixtes et de grands formats, l’exposition propose une immersion dans un univers à la fois intime et universel. La scénographie, pensée comme un souffle, accorde de l’espace à chaque œuvre, pour que chacune puisse respirer, interroger, déplacer le regard.

Dometti ne cherche pas à imposer un discours. Il pose des formes, des tensions, des silences, et laisse au spectateur la liberté de recevoir. « Une œuvre, dit-il, c’est un triangle : l’artiste, la toile, le regard de l’autre. »

Chez Dometti, rien n’est figé. L’art est mouvement, intuition, découverte. Un dialogue constant entre ce qui a été vécu et ce qui reste à inventer. Cette exposition est bien plus qu’un accrochage : c’est un manifeste poétique, une invitation à repenser notre lien aux éléments, aux lieux, à nous-mêmes.

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