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Marie Quéau, FURY : quand l’image affronte les limites du réel

Photographie de Marie Quéau issue de l’exposition FURY au BAL : gros plan en noir et blanc sur des mains gantées marquées par l’effort, illustrant les états-limites du corps et la violence contrôlée documentée par la photographe.

Exposition au BAL, Paris — 28 novembre 2025 → 8 février 2026

Comment photographier l’instant où le corps vacille, chute, brûle, se brise ou se transcende ? Avec FURY, sa nouvelle exposition au BAL, la photographe Marie Quéau, lauréate du Prix LE BAL/ADAGP de la Jeune Création 2025, plonge au cœur des états-limites du corps humain. Une exploration brute, troublante, où la réalité se confond avec les machineries du faux, et où les corps deviennent le théâtre d’une intensité presque mythologique.

Une plongée dans les zones extrêmes du corps et de la conscience

Dans FURY, Marie Quéau déploie un corpus impressionnant d’images réalisées auprès de cascadeurs, apnéistes, acteurs en motion capture ou encore de participants de fury rooms.
Ces environnements, parfois spectaculaires, parfois cliniques, dévoilent ce que le dossier de salle décrit comme une « encyclopédie des états-limites du corps et de la conscience » .

Torse contracté d’un cascadeur en combinaison de protection, capturé par Marie Quéau dans la série FURY, illustrant l’effort physique intense et la performance contrôlée lors des entraînements de cascades. publié par Art Mag
Marie Quéau, Sans titre #103, Campus Univers Cascades, 2024, extrait de la série
Fury, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Marie Quéau / ADAGP, Paris,
2025

Le visiteur est confronté à :

  • des corps défenestrés à répétition dans les écoles de cascadeurs, filmés en pleine chute ou au sol ;
  • des visages transfigurés par la transe dans les studios de motion capture, bardés de capteurs ;
  • des apnéistes aux portes de la dérive, flottant entre ascension lumineuse et chute abyssale ;
  • des explosions de rage théâtralisée dans des fury rooms où casser, briser, détruire devient expérience cathartique.

Chaque scène documente la manière dont l’humain « tente de maîtriser ce qui, par définition, le dépasse » .

Un langage visuel tendu, inquiétant, presque supraréel

FURY frappe d’emblée par l’intensité de ses images.
Marie Quéau compose un univers :

  • saturé de noir et blanc,
  • parfois strié de couleurs artificielles,
  • où les cadrages serrés renforcent la tension dramatique.

Les photographies sont des fragments, des éclats : un torse en contraction, des mains brûlées, un visage maculé de suie.
Elles semblent appartenir à une science-fiction trop réelle, une dystopie qui n’aurait pas besoin de futur pour exister.

Ce choix visuel ouvre un espace trouble, « menaçant, opaque » où le geste devient récit, où la douleur devient langage.

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Main gantée fortement usée photographiée en gros plan par Marie Quéau au Campus Univers Cascades, image de la série FURY sur les états-limites du corps et l’entraînement des cascadeurs. publié par Art Mag
Marie Quéau, Sans titre #122, Campus Univers Cascades, 2024, extrait de la série
Fury, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Marie Quéau / ADAGP, Paris,
2025

Entre documentaire et fiction : une poétique de la limite

Le travail de Marie Quéau repose sur une tension féconde :
documenter la probabilité, photographier « la possibilité qu’une chose a d’être vraie » .

Ses images oscillent entre :

  • preuve documentaire
    (décors, dispositifs, protocoles visibles)

et

  • construction fictionnelle
    (atmosphères irréelles, intensité théâtralisée, distorsions visuelles).

Cette hybridation rend FURY particulièrement singulier dans le paysage contemporain.
Elle s’inscrit pleinement dans la démarche du BAL : penser l’image comme outil pour interroger le réel.

Une réflexion sur le risque, le vertige et la mort comme horizon

Le texte critique de Guillaume Blanc-Marianne, publié dans le livre qui accompagne l’exposition, éclaire le propos : la photographe explore les « intensités de la vie » – peur, danger, douleur, transe – qui renvoient inévitablement à l’idée de mort.
Apprendre à tomber, à brûler, à se noyer, à suffoquer : toutes ces expériences dessinent une cartographie poétique et physique de notre vulnérabilité.

Dans cette lutte permanente contre soi et contre le monde, le corps devient frontière, outil, preuve.

Pourquoi FURY est une exposition majeure de la saison

  • Un sujet rare : la représentation contemporaine des états-limites.
  • Une approche visuelle singulière, puissante et maîtrisée.
  • Une articulation exemplaire entre enjeux politiques, corporels et esthétiques.
  • Une exposition qui prolonge la vocation du BAL : questionner les images du réel.

Pour celles et ceux qui s’intéressent à l’image, au corps, à la fiction documentaire, FURY est un rendez-vous essentiel.

Informations pratiques

FURY – Marie Quéau
Le BAL, Paris 18e
28 novembre 2025 → 8 février 2026
Horaires : Mercredi 12h–20h ; Jeudi–Dimanche 12h–19h.
Fermé lundi et mardi.
Tarifs : 8 € / 6 €

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FAQ

Qui est Marie Quéau ?

Marie Quéau est une photographe française née en 1985 et diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Son travail explore la frontière entre documentaire et fiction, en s’intéressant aux zones de trouble, aux états-limites du corps et aux dispositifs de simulation. Elle est représentée par la galerie Les Filles du Calvaire.

De quoi parle la série FURY de Marie Quéau ?

La série FURY documente des environnements où le corps est soumis à des situations extrêmes : écoles de cascadeurs, sessions de motion capture, apnée statique, fury rooms. Marie Quéau y explore la manière dont l’humain tente de maîtriser le danger, la douleur et la confrontation à l’inconnu.

Où voir l’exposition FURY à Paris ?

L’exposition FURY de Marie Quéau est présentée au BAL, 6 impasse de la Défense, Paris 18e. Le lieu est facilement accessible depuis la station Place de Clichy (métros 2 et 13).

Quelles sont les dates de l’exposition FURY au BAL ?

L’exposition est visible du 28 novembre 2025 au 8 février 2026. Elle constitue l’un des événements phares de la scène photographique parisienne cet hiver.

Pourquoi Marie Quéau a-t-elle remporté le Prix LE BAL / ADAGP ?

Marie Quéau a été récompensée pour sa capacité à renouveler le langage documentaire et à interroger les dispositifs du réel. FURY articule esthétique, fiction spéculative et enjeux sociétaux autour du corps, du risque et de la simulation.

Quel est le style photographique de Marie Quéau ?

Son style repose sur des cadrages serrés, un noir et blanc dramatique, parfois des couleurs artificielles, et une esthétique qui oscille entre précision documentaire et atmosphère de science-fiction. Ses images révèlent la tension physique et psychique des corps.

Que raconte FURY sur les cascadeurs et leur entraînement ?

FURY montre les cascadeurs dans des situations extrêmes – chutes, brûlures contrôlées, impacts répétés – en exposant les mécanismes d’apprentissage du risque.