Une œuvre de lumière pour un quartier marqué par la tragédie
Le 12 novembre 2025, une fresque monumentale de Léa Belooussovitch a été inaugurée dans le 11ᵉ arrondissement de Paris, à quelques rues de La Belle Équipe. Dix ans après les attentats du 13-Novembre, l’artiste belge transforme le souvenir du drame en un nuage de couleurs vibrantes — un hommage sensible et puissant qui invite au recueillement.
Une œuvre publique rare, à la fois poétique et mémorielle, qui capte aujourd’hui l’attention des passants comme des amateurs d’art.
Un flou vibrant qui remplace la violence par l’empathie
L’artiste est partie d’une image de presse montrant deux survivants enlacés sous une couverture de survie. De cette scène douloureuse, elle ne garde qu’un geste : l’étreinte.
Pourquoi ce choix touche autant ?
- Le flou dissout la violence, sans l’effacer.
- Les couleurs — rose, jaune, bleu, orange — deviennent des respirations.
- L’humain reste au centre, sans être montré.
Léa Belooussovitch parle d’un « voile éthique » : une manière de représenter le traumatisme sans le rendre insoutenable. Le résultat est une composition douce, lumineuse, qui apaise au lieu de raviver la douleur.
Une fresque qui transforme l’espace public
Installée au 19 rue Léon-Frot, l’œuvre s’inscrit dans un lieu chargé d’histoire, où les habitants ressentent encore les traces du drame.
Mais contrairement aux plaques commémoratives, silencieuses et solennelles, la fresque de Belooussovitch offre une autre forme de mémoire : un espace ouvert, respirant, où chacun peut s’arrêter, observer, se souvenir.
Elle ne raconte pas la catastrophe : elle la laisse murmurer.
Elle ne fige pas le passé : elle le laisse circuler dans la couleur.
Une esthétique de la disparition qui éclaire le présent
Le flou est la marque de fabrique de l’artiste. Ici, il agit comme un activateur de mémoire.
On croit d’abord voir une abstraction. Puis une sensation apparaît : celle d’un souvenir flottant, d’une image qu’on n’arrive pas à saisir mais qui nous poursuit.
Ce trouble visuel est précisément ce qui rend l’œuvre si puissante : elle laisse de la place au regard, à l’émotion, à la projection.
Dans un quartier encore marqué par le traumatisme, cette poésie visuelle devient un geste d’apaisement.

Une lumière pour celles et ceux que Paris n’oublie pas
À l’heure où la ville commémore le dixième anniversaire du 13-Novembre, la fresque de Léa Belooussovitch apporte un hommage résolument contemporain :
non pas une image du drame, mais une lumière pour celles et ceux qui ne sont plus là.
Un geste d’artiste, mais aussi un geste humain.
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Pour aller plus loin : Le flou utilisé par Belooussovitch résonne avec les recherches perceptives abordées dans notre analyse de l’œuvre de Gerhard Richter.
FAQ – Fresque de Léa Belooussovitch en hommage aux victimes du 13-Novembre
La fresque est située au 19 rue Léon-Frot, dans le 11ᵉ arrondissement de Paris, à quelques rues du café-restaurant La Belle Équipe, un lieu marqué par les attentats de 2015.
L’œuvre est une composition floue et colorée, inspirée d’une image de presse montrant deux survivants enlacés sous une couverture de survie. L’artiste en retient le geste et l’émotion, sans montrer la violence initiale.
Le flou est chez elle un « voile éthique » : il adoucit la violence sans la nier, crée une distance respectueuse et transforme les images traumatiques en formes sensibles, lumineuses et méditatives.
Léa Belooussovitch (née en 1989) est une artiste belge connue pour ses dessins sur feutre de laine et ses œuvres inspirées d’images médiatiques, qu’elle transforme par le flou pour interroger mémoire, violence et humanité.