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Voyage dans l'art

Le musée de Picardie : une collection de collections ?

Ségolène Decayeux

“Nos collections et archives diverses matérialisent la vertigineuse accumulation d’expériences, de rêves, de pensées, de créations que forment nos vies.” D’images et d’eau fraîche, Mona Chollet.

Le collectionnisme est un phénomène qui acquiert une nouvelle dimension au XIXe s. En effet, la Révolution française de 1789 a été particulièrement déterminante. Les exils et les confiscations successives ont renouvelé la notion même de propriété du patrimoine en participant à sa redistribution. De plus, le XIXe s. est le siècle de la montée en puissance de la bourgeoisie et le collectionnisme est une pratique qui lui permet, sans aucun doute, de s’approprier les codes de la haute société. La collection, et par extension le collectionneur, devient un médiateur précieux entre le passé et le présent. Ainsi, les collectionneurs, professionnels ou amateurs, jouent un rôle éminent non seulement dans la constitution de la notion de patrimoine collectif mais aussi dans la constitution d’un corpus de savoirs, voire dans l’élaboration d’un goût national. Comme le rappelle Chantal Georgel, les musées créés avant 1914 sont,en réalité, souvent issus d’une collection privée, donnée par un individu ou une société. Dans d’autres termes, les musées constitués au XIXe s. sont des collections de collections. Le musée de Picardie ne déroge pas à la règle.

La construction du musée relève bien de l’entreprise collectioniste qui caractérise la bourgeoisie du XIXe s. La Société des Antiquaires de Picardie (SAP), composée d’érudits locaux, en est un bon exemple. Grâce à son œuvre, le musée de Picardie est doté, dès ses origines, d’une collection conséquente. Cette collection continue de s’enrichir grâce à des dépôts de l’Etat mais aussi grâce à des legs privés. Rapidement, l’édifice devient trop exigu : la cour centrale est couverte pour accueillir un grand salon.

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