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Comment Jules Chéret a inventé l’art de la réclame moderne

Jules Cheret le roi de l'affiche

Visionnaire du papier, maître de la couleur, pionnier de la publicité artistique : retour sur Jules Chéret, le roi de l’affiche, celui qui a transformé les murs de Paris en galeries à ciel ouvert.

Avant Instagram, il y avait… Jules Chéret

Bien avant les influenceurs, les spots TV ou les bannières numériques, Jules Chéret impose un nouveau langage visuel dans les rues de Paris. À la fin du XIXe siècle, cet artiste autodidacte invente une forme inédite de communication visuelle : l’affiche illustrée en couleurs.
Son secret ? Une alchimie unique entre innovation technique, impact visuel et audace artistique, qui révolutionne l’art de la réclame et marque la naissance de la publicité moderne.

Un autodidacte entre Paris et Londres

Né en 1836 à Paris, Chéret apprend la gravure sur bois avant de partir à Londres, où il découvre l’impact des affiches anglaises : colorées, directes, puissantes.
Inspiré, il fonde à son retour son propre atelier de lithographie en 1866 et met au point un procédé révolutionnaire : l’impression en couleurs à trois pierres (bleu, rouge, jaune), bien plus vive et rapide que les techniques d’alors. C’est le point de départ d’une véritable explosion visuelle dans l’espace urbain.

L’art de séduire le passant

Chéret comprend vite que l’efficacité publicitaire passe par l’émotion et le plaisir. Il inonde les murs de Paris de grandes affiches éclatantes pour des théâtres, cafés-concerts, opéras, produits de beauté, apéritifs ou magasins de nouveautés.

Son style, joyeux et dynamique, est immédiatement reconnaissable. Il crée la fameuse « Chérette », figure féminine souriante, libre et virevoltante, symbole d’un art populaire et optimiste. Ces femmes dansantes, loin des stéréotypes, incarnent une féminité moderne et urbaine — bien avant l’heure.

Une affiche pensée comme un tableau

Ce qui distingue Jules Chéret, c’est sa vision artistique. Il ne conçoit pas l’affiche comme un simple outil de vente, mais comme une œuvre d’art à part entière.

Il joue avec les aplats de couleur, les lignes courbes, les typos expressives, et compose ses affiches comme des tableaux. Le critique Roger Marx dira de lui : « C’est un Watteau des carrefours. »

Son influence est immense : Toulouse-Lautrec, Mucha, Grasset, Bonnard, Cappiello… tous lui doivent quelque chose. Il est le premier à montrer qu’on peut mêler beauté et message commercial. En 1895, il est même mis à l’honneur dans la revue Les Maîtres de l’Affiche, référence absolue de l’illustration de l’époque.

De la rue aux cimaises des musées

À la fin du siècle, les affiches de Chéret ne se contentent plus d’habiller les rues : elles s’exposent, s’encadrent, se collectionnent. C’est le début de l’affichomanie.
En 1890, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, consacrant une carrière exceptionnelle.

Aujourd’hui encore, son œuvre reste d’une modernité saisissante. Il suffit de visiter l’exposition « L’art est dans la rue » au musée d’Orsay (jusqu’au 6 juillet 2025) pour s’en rendre compte : Jules Chéret a su inscrire l’art dans le quotidien et l’image dans l’imaginaire collectif.

📌 En résumé :

  • Jules Chéret est considéré comme le père de l’affiche illustrée moderne.
  • Il a transformé la publicité en un média artistique populaire, visible et vivant.
  • Son influence rayonne encore aujourd’hui, dans les musées, les écoles d’art et les rues du monde entier.

 Info pratiques

🔖 À lire aussi : l’art dans la rue  : Exposition Musée d’Orsay✨

🌐ART MAG#26 📰 ART MAG#26

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