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Tyler Mitchell à la MEP : une exposition qui redéfinit les récits visuels contemporains

Colour portrait of a person sitting cross-legged on a white surface. They are wearing a cream and red checked top and blue jeans. Their hands are resting in front of them, with a bracelet and ring visible. The person is looking slightly to the right, with a calm expression.
Tyler Mitchell

La Maison Européenne de la Photographie (MEP) consacre, du 15 octobre 2025 au 25 janvier 2026, une exposition majeure à Tyler Mitchell, jeune prodige de la photographie américaine.

Intitulée Wish This Was Real, cette installation réunit près de dix ans de création et offre un regard neuf sur la beauté, la liberté et l’autodétermination des communautés noires 

Mitchell, né en 1995 à Atlanta, s’est imposé très tôt comme l’une des figures les plus influentes de sa génération. 

Après la Tisch School of the Arts, il devient célèbre en 2018 en photographiant Beyoncé pour la couverture du Vogue US, première Une signée par un photographe noir. 

Une décennie de création lumineuse, politique et poétique

L’exposition présente un corpus mêlant photo, vidéo, sculpture et textile, reflétant le désir de Mitchell d’explorer des mondes visuels nouveaux, sensibles et engagés. L’artiste explique :

« J’essaie de représenter les personnes noires de manière vraie et pure. J’espère qu’il y a un regard honnête dans mes photos. »

Wish This Was Real se structure en trois grands chapitres qui révèlent la cohérence et la puissance de son œuvre.

Vies / Libertés : célébrer la jeunesse et la joie

La première partie de l’exposition s’inspire de la culture du skateboard et de l’esthétique visuelle de Tumblr, où Mitchell a forgé ses premières images. 

Dans un contexte de tensions raciales et de Black Lives Matter, ces photos offrent des bulles d’utopie, de camaraderie et d’émancipation

Photographie en couleur montrant une personne debout entre deux grands rideaux jaunes écartés. Elle pose avec un pied sur un petit tabouret en bois, portant une veste aux dégradés bleu et vert, un pantalon blanc tacheté de noir et des bottes noires. En arrière-plan, un décor peint représente un paysage arboré.
Tyler Mitchell, Curtain Call, 2018 Courtesy of the artist and Gagosian © Tyler Mitchell

Ces représentations sont autant d’actes de résistance que de célébrations. Elles montrent la jeunesse noire dans sa dignité, sa créativité et son humanité, loin des clichés médiatiques.

Postcoloniale / Pastorale : une réinvention du paysage

Dans cette section, Mitchell revisite les codes du paysage pastoral, tradition souvent idéalisée et déconnectée de l’histoire. L’artiste y inscrit une mémoire vive de la terre, faite de romantisme, d’injustices et de réinvention

Inspiré par Toni Morrison, Seurat, Kerry James Marshall et Julie Dash, il crée des scènes où les sujets noirs retrouvent enfin une place centrale dans la nature.

Des œuvres textiles complètent ce volet, introduisant une dimension matérielle et mémorielle nouvelle dans sa pratique. Le tissu, suspendu ou tendu, devient un support poétique où se superposent récits intimes et narrations collectives.  

Famille / Fraternité : l’intimité comme résistance douce

La dernière section explore la sphère domestique comme un lieu de mémoire, d’héritage et de réaffirmation identitaire. Soutenu en 2020 par la Fondation Gordon Parks, Mitchell rend hommage à l’un des grands chroniqueurs de la vie noire américaine.  

À Bedford-Stuyvesant, Brooklyn, il met en scène ses proches, célébrant rituels familiaux, gestes simples et élégance du quotidien.

Photographie en intérieur montrant deux femmes assises devant un grand miroir orné de bois sculpté. L’une, en robe claire, se tient droite et ajuste ses cheveux, tandis que l’autre, assise à côté, observe son reflet. Autour du miroir, de nombreux portraits anciens encadrés sont disposés sur un meuble, ainsi que des statuettes décoratives et une lampe. L’atmosphère évoque un espace intime chargé d’histoire familiale.
Tyler Mitchell, Ancestors, 2021 © Tyler Mitchell

Ces images incarnent son ambition : réinventer les représentations visuelles d’une communauté trop longtemps enfermée dans des récits univoques.

Une esthétique contemporaine séduisante, précise et profondément politique

Couleurs franches, gestuelles étudiées, mises en scène minutieuses : Mitchell compose chacune de ses images comme une peinture moderne. Son travail dialogue avec la mode, l’histoire de l’art et les avant-gardes, tout en portant une sensibilité profondément contemporaine.

La douceur devient chez lui une arme, un geste de résistance, un moyen d’imaginer des manières d’être alternatives, possibles, désirables.  

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FAQ

Qui est Tyler Mitchell ?

Tyler Mitchell est un artiste, photographe et cinéaste américain né en 1995. Il explore la représentation des personnes noires à travers des images poétiques, politiques et lumineuses.  

Que signifie le titre “Wish This Was Real” ?

Il reflète le désir de Mitchell de créer des mondes visuels où la liberté, la beauté et l’autodétermination noire s’expriment pleinement

Quels sont les thèmes principaux de son exposition ?

Les thèmes majeurs incluent : jeunesse et liberté, paysage postcolonial, mémoire familiale, intimité, utopie noire et représentation positive.  

Pourquoi Tyler Mitchell est-il célèbre ?

Il devient mondialement connu en 2018 en photographiant Beyoncé pour la couverture du Vogue US, première Une réalisée par un photographe noir

Où voir l’exposition “Wish This Was Real” ?

À la MEP, 5/7 rue de Fourcy, Paris 4e, du 15 octobre 2025 au 25 janvier 2026.