Jusqu’au 4 janvier 2026, le Musée de Picardie (Amiens) consacre à Albert Maignan (1845–1908) une rétrospective majeure rassemblant près de 400 œuvres – peintures monumentales, dessins, vitraux et cartons de tapisserie. Un événement qui replace cet artiste phare de la Troisième République au centre du récit artistique français.

Un peintre “officiel”… au regard profondément humain
Maignan débute au Salon par la peinture d’histoire, mais il en déplace le centre de gravité : les femmes qui attendent, les vieillards, les oubliés deviennent protagonistes. Dans L’Insulte aux prisonniers ou L’Adieu de Carlo Zeno, la dramaturgie révèle une mémoire blessée et souligne l’ingratitude politique. Maignan n’illustre pas : il moralise et raconte.

Points-forts à voir
- Grandes toiles d’histoire traitées avec empathie narrative ;
- Allégories où l’observation sociale affleure ;
- Érudition et sens du décor monumental.
Le peintre des commandes publiques et de la cité
De la Chambre de commerce de Saint-Étienne au foyer de l’Opéra-Comique jusqu’à la salle des fêtes de l’Exposition universelle de 1900 et aux Gobelins, Maignan déploie un art monumental qui exalte le travail, la science, la justice tout en dénonçant l’aliénation industrielle et la spéculation (La Muse verte, La Fortune passe).

Le drame du Bazar de la Charité : peindre la consolation
Après l’incendie du Bazar de la Charité (1897), Maignan conçoit le décor de Notre-Dame-de-Consolation : la Vierge guidant les âmes vers la lumière, tonalité sobre et mystique. L’exposition montre cartons, esquisses, vitraux, et rapproche cette commande d’autres sujets religieux sensibles (Saint Louis consolant un lépreux).

L’atelier intime : fleurs, mers et journaux
À Saint-Prix, il peint des études florales ; à Naples, il observe les fonds marins (anémones, méduses, poissons) au bord du symbolisme. Le legs au Musée de Picardie conserve des centaines de dessins et pochades et surtout quatorze volumes d’un journal (vingt ans d’écriture) révélant curiosité et tourments.

Louise Maignan-Larivière, gardienne de l’œuvre
La transmission doit beaucoup à Louise Maignan-Larivière, qui survit quarante ans à l’artiste et organise le legs au musée. Une section contemporaine par Lise Terdjman lui rend hommage, révélant sa place dans l’histoire de l’œuvre.
Lire l’article : Lise Terdjamn- « Très chère Louise » au Musée de Picardie

Pourquoi cette rétrospective compte aujourd’hui ?
Maignan apparaît comme un “artiste total” : érudit, voyageur, décorateur, illustrateur, chroniqueur, moraliste. Son actualité tient à sa attention aux corps fatigués et aux gestes modestes, un contre-champ aux triomphes officiels qui résonne singulièrement avec notre présent.
Informations pratiques
- Musée de Picardie, Amiens — jusqu’au 4 janvier 2026
- Itinérance : Musée de Tessé (Le Mans) — 11 avril → 27 septembre 2026 article Albert Maignan
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FAQ
Qui était Albert Maignan ?
Un peintre majeur de la Troisième République, médaillé d’or à l’Exposition universelle de 1889, actif dans la peinture d’histoire et les grands décors publics.
Combien d’œuvres sont présentées ?
Près de 400 œuvres : peintures, dessins, vitraux, cartons, pochades de voyage.
Quelles pièces emblématiques voir ?
Les grandes toiles d’histoire (L’Insulte aux prisonniers, L’Adieu de Carlo Zeno), les décors publics et le cycle de Notre-Dame-de-Consolation.
L’exposition voyage-t-elle ?
Oui : étape au Musée de Tessé (Le Mans) du 11 avril au 27 septembre 2026.