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Lise Terdjman — « Très chère Louise » au Musée de Picardie

magazine Art mag ; photo de lise terjman devant le leg de Maignan Larivière au Musée de Picardie

Artiste et chercheuse, Lise Terdjman redonne chair à Louise Maignan-Larivière à travers un parcours mêlant dessin, céramique, textile, vidéo et archives — exposition visible du 26 août 2025 au 4 janvier 2026 au Musée de Picardie à Amiens

Pourquoi « Très chère Louise » ?

« Très chère Louise, voici le rêve et la fiction de ton exposition… Là où il y a le manque, il y a toujours la possibilité de la fiction. » L’artiste pose d’emblée sa méthode : combler les blancs de l’histoire par un geste poétique et critique, pour faire apparaître Louise au cœur du musée, et non plus à sa marge.

Deux grands pastels typographiques (AM-OUR ; COL-ÈRE, “Tempeste du cœur / de l’âme”) dialoguent avec la sculpture céramique L’Énigme de Louise liée de rubans, présentée en vitrine pyramidale ; au fond, un coffret brodé. Exposition Très chère Louise de Lise Terdjman au Musée de Picardie, Amiens (2025–2026)
AM OUR et COL ERE, L’énigme de Louise, pastel, céramique, Lise Terdjman ©adagp, 2025 

Un coffret brodé comme déclencheur

Tout part d’un petit coffret brodé, délicat et très coloré, attribué à Louise Maignan-Larivière et présenté au Salon des artistes français en 1902. On y lit : « Tempeste, bourasque, tourmente, par vertus sont faites clémentes ». Ce fragment d’intime, devenu boussole émotionnelle, inspire les grands dessins AM-OUR et COL-ÈRE et irrigue l’ensemble du projet.

Montage mural en noir et blanc de documents et photographies dialoguant avec deux dessins encadrés de têtes et silhouettes ; typographie murale partielle au-dessus. Exposition Très chère Louise de Lise Terdjman, Musée de Picardie, Amiens (26 août 2025 – 4 janv. 2026).
Halluciner le legs, installation murale, ©Lise Terdjman, ADAGP, 2025 

Un parcours en trois salles, une trentaine d’œuvres

Le dessin, « au cœur de la pratique » de l’artiste, articule un parcours d’installations en trois salles — environ trente créations dialoguant entre elles. Aux pastels « intenses et poudrés », écho supposé aux travaux perdus de Louise, se joignent une vidéo animant dessins et photos, une pièce sonore, un mur d’images à l’entrée, et une sculpture en céramique et textile, L’Énigme de Louise, suspendue en vitrine pyramidale. Autant de formes « ouvertes » qui laissent place à l’ombre, au manque et au fragment.

Réparer le récit muséal

Au-delà de l’hommage, l’exposition propose un regard critique sur la muséographie. Dans les années 1980, les collections Maignan-Larivière ont été éclatées selon une logique encyclopédique (classements par périodes et disciplines), effaçant l’harmonie d’origine pensée par Louise. Le projet de Terdjman rassemble à nouveau les objets « selon des affinités sensibles », redonnant souffle au legs dans l’espace du musée.

Louise, présence à part entière

L’artiste souhaite que Louise devienne familière, « au même titre qu’Albert Maignan » : non une héroïne figée, mais une présence active, dont la pensée de l’espace (accrochage, couleurs, vitrines) a structuré la galerie du Musée de Picardie aux côtés d’Albert Roze, alors directeur du musée.

photo portrait de l'artiste Lise Terdjman devant ses dessins
Lise Terdjman

Qui est Lise Terdjman ?

Artiste plasticienne, formée aux Beaux-Arts de Paris et aux Arts Décoratifs, Lise Terdjman mène une pratique transdisciplinaire (dessin, céramique, photographie, installation, archives) autour des récits oubliés et des figures féminines effacées. Elle expose en France et à l’international (Centre Pompidou, Louvre, Fondation Carlsberg, POUSH) et enseigne à l’ESAD de Reims.

Infos pratiques

  • Dates : 26 août 2025 → 4 janvier 2026.
  • Lieu : Musée de Picardie, Amiens

FAQ

Qui est Louise Maignan-Larivière ?
Épouse d’Albert Maignan, brodeuse et dessinatrice, elle a joué un rôle majeur dans la mise en place du legs Maignan et l’aménagement de la galerie du Musée de Picardie (accrochage, couleurs, vitrines).

Pourquoi ce titre, « Très chère Louise » ?
Le titre vient d’une lettre posthume que Lise Terdjman adresse à Louise, assumant la part de fiction nécessaire pour combler les silences de l’histoire.

Quel est l’objet-source de l’exposition ?
Un coffret brodé attribué à Louise, présenté en 1902 au Salon des artistes français, dont un proverbe sur les émotions a guidé la création.

Que verra-t-on concrètement ?
Un parcours en trois salles avec une trentaine de pièces : grands dessins, céramique suspendue, vidéo, pièce sonore, mur d’images — des formes « ouvertes » qui laissent place au fragment.

Pour lire la suite, téléchargez ART MAG N°28