ART MAG : Parlez nous un peu de vous … où êtes-vous né ? Avez-vous une formation en art ?
Philippes Desloubières : Né à Paris en 1950, je suis rentré aux beaux-arts de Paris dans les années 1972 non pas dans un atelier de sculpture mais dans l’atelier fresque. J’étais très timide à l’époque, je me suis engagé dans le premier atelier qui m’a accueilli, ce fut une période d’apprentissage riche, j’ai fait connaissance avec les peintres primitifs italiens tels que Giotto.
Mon parcours est plutôt atypique et sinueux car j’ai d’abord commencé une formation dans le domaine de la charcuterie, je ne sais ce qu’il en reste aujourd’hui, peut-être un goût non pas pour la viande mais pour la précision, le travail fini.
AM : Si vous deviez décrire votre travail en 3 mots ?
PHD : Nature-Harmonie-Identité
Petit, allongé dans l’herbe je regardais les fourmis ou petits insectes se déplacer dans cette gigantesque “forêt” où chaque brin d’herbe, chaque trèfle, la moindre petite plante avait pour eux une taille démesurée, je parvenais en me mettant à leur place à éprouver ce décor.
Aujourd’hui dans mon travail de sculpteur j’ai en partie la sensation de reproduire le ressenti de ces visions.
En m’inspirant du végétal et parfois du monde animal sans les copier, je réalise des formes abstraites mais néanmoins évocatrices que chacun d’entre nous peut reconnaitre sans précisément savoir ce que cela représente. L’évocation peut être multiple, elle est personnelle à chacun, ma sculpture les renferme toutes et plus encore car à travers sa forme, elle touche à notre identité.
AM : Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
PHD : Sans hésitation la nature. Je regarde des détails de la nature et les retranscrits inconsciemment à grande échelle, ces sculptures arrivent comme une invitation à regarder la nature environnante avec plus d’attention, car ce qui nous est donné à voir : feuilles, bourgeons, écorces, pétales, fleurs, toutes ces formes, textures, couleurs… sont tout bonnement inimaginables.
AM : Quel est votre processus créatif ?
PHD : Je travaille uniquement avec des feuilles d’acier que je plie, découpe, soude tel un tailleur. Ce matériau lisse, résistant qu’est l’acier, arrive souvent comme contraignant, il engage une sorte d’affrontement avec la matière qui doit se plier à mes propres désirs mais qui m’impose aussi ses propres limites.
Une fois les différents éléments soudés entre eux, la forme finale reste à l’état naturel de l’acier corten ou sinon peintes de couleurs vives conçues à l’origine pour les carrosseries de voiture. En couleur, elles affirment leur caractère ludique et lyrique ; oxydées, elles manifestent davantage leur matérialité, leur densité..
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