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Matrimoine : redonner une place aux créatrices dans l’histoire et le patrimoine

JOURNEES DU MATRIMOINE

Un mot ancien au cœur de l’actualité culturelle

Le mot matrimoine n’est pas une invention récente. Issu du latin matrimonium, il désignait dès le XIIᵉ siècle les biens transmis par la mère (matremuine en ancien français). Peu à peu, ce terme a été marginalisé : son sens s’est réduit au champ du mariage (matrimonial), puis il a quasiment disparu, en parallèle de la masculinisation de la langue et du droit.

De l’oubli à la redécouverte

Il faut attendre le début des années 2000 pour qu’il renaisse. L’ethnologue Ellen Hertz, en travaillant sur l’héritage culturel, redécouvre le mot. La dramaturge Aurore Évain, spécialiste des autrices de l’Ancien Régime, en fait ensuite un concept politique et artistique. Ensemble, avec le collectif HF Île-de-France, elles lancent en 2015 les Journées du Matrimoine afin de mettre en lumière les créatrices effacées des récits officiels : peintres, musiciennes, architectes, écrivaines.

Un enjeu culturel et sociétal

Plus qu’un simple pendant féminin du patrimoine, le matrimoine interroge la construction de notre mémoire collective. Il révèle combien l’histoire des arts et des savoirs a longtemps privilégié les « grands hommes », laissant dans l’ombre les femmes, les mémoires populaires ou issues d’autres cultures.
Des initiatives comme AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), les projets municipaux à Montreuil, Grenoble ou Amiens, ou encore les expositions consacrées à des figures comme Renée Gailhoustet, illustrent cette volonté de rendre visibles les œuvres, savoir-faire et traditions transmis par les femmes.

Pourquoi le matrimoine compte aujourd’hui

  • Rééquilibrer l’Histoire de l’art : redonner leur place aux créatrices et inventrices.
  • Valoriser un héritage immatériel : chants, contes, gestes artisanaux, pratiques culinaires.
  • Élargir la notion de patrimoine : inclure les mémoires féminines, queer, ultramarines, populaires.

Un mouvement en pleine expansion

En 2025, les Journées du Matrimoine fêtent leurs dix ans et s’étendent à tout le territoire français et même à l’international. Musées, galeries et collectivités s’en emparent, proposant visites guidées, expositions, performances et débats pour célébrer l’héritage culturel des femmes.

FAQ – Tout savoir sur le matrimoine

Qu’est-ce que le matrimoine ?
Le matrimoine désigne l’héritage culturel transmis par les femmes : œuvres d’art, savoir-faire, traditions, bâtiments ou récits. C’est le pendant historique du patrimoine, mais longtemps effacé des récits officiels.

Le matrimoine est-il un mot nouveau ?
Non. Le terme apparaît dès le XIIᵉ siècle dans l’ancien français (matremuine) pour désigner les biens venant de la mère. Il a été progressivement oublié puis réactivé au début des années 2000.

Quelle est la différence entre patrimoine et matrimoine ?
Le patrimoine s’est imposé comme l’héritage collectif, mais son histoire a surtout mis en avant les créateurs masculins. Le matrimoine met en lumière les femmes et leurs créations, qu’elles soient matérielles (bâtiments, œuvres) ou immatérielles (contes, chants, pratiques).

Quelles sont les Journées du Matrimoine ?
Créées en 2015 par le collectif HF Île-de-France, elles se tiennent chaque mois de septembre en parallèle des Journées du patrimoine. Expositions, visites guidées et rencontres y célèbrent les femmes artistes, architectes ou inventrices oubliées de l’Histoire.

Pourquoi le matrimoine est-il important aujourd’hui ?
Parce qu’il permet de rééquilibrer le récit historique et culturel, d’enrichir nos connaissances et d’inclure toutes les mémoires – féminines, populaires, ultramarines, queer – longtemps ignorées.

Où découvrir le matrimoine ?
Dans les événements des Journées du Matrimoine, mais aussi dans de nombreux musées, bibliothèques, archives ou associations comme AWARE. Des villes comme Paris, Montreuil, Grenoble ou Amiens programment déjà des visites et expositions dédiées.