Des chercheurs ont découvert que de petites gouttes de peinture s’écoulent sur certains tableaux de Pierre Soulages, célèbre peintre connu pour son utilisation du noir. Ce phénomène est pour l’instant inexpliqué par les spécialistes qui étudient ces peintures devenues liquides à certains endroits. Contrairement à la peinture qui vieillit habituellement en se craquelant et en devenant de plus en plus cassante, ces tableaux subissent le phénomène inverse et étrange, selon la restauratrice spécialiste de Soulages, Pauline Hélou de la Grandière. Elle a observé un « petit sifflement » sous UV et une « coulée de plusieurs centimètres qui sort d’un empâtement ». Une dizaine d’autres toiles, dont celles d’autres artistes réalisant des œuvres à Paris au même moment, connaissent également ce même problème.
Pour tenter d’expliquer ce mystérieux phénomène, une équipe de chercheurs du CNRS et de l’Institut d’optique de Saint-Étienne, dirigée par Pauline Hélou de la Grandière, a étudié les tableaux, tous réalisés à Paris entre décembre 1959 et mars 1960. La restauratrice des tableaux évoque des hypothèses telles que le fournisseur de la peinture ou la forte pollution au sulfure qui affectait la capitale à cette époque. Ces tableaux ont également été exposés immédiatement après leur création, puis stockés dans des caisses et conservés dans l’obscurité avec des variations climatiques, ce qui pourrait également expliquer ce phénomène. Bien que les chercheurs ne soient pas certains de l’origine de ce problème, ils s’intéressent aux conditions de séchage et au fournisseur de peinture, qui semblent être des hypothèses prometteuses. Pauline Hélou de la Grandière note également que ce problème ne se retrouve pas chez les artistes américains contemporains comme Soulages, sauf lorsqu’ils sont venus travailler à Paris.
Delphine Jonckheere