Le monde de l’art contemporain est en deuil. Benjamin Vautier, plus connu sous le nom de Ben, est décédé ce mercredi à l’âge de 88 ans, dans sa maison de Saint-Pancrace, près de Nice. Son décès survient quelques temps après celui de son épouse, Annie Vautier. Selon le communiqué officiel de sa famille, l’artiste s’est donné la mort, ne pouvant envisager la vie sans elle.
Un style reconnaissable entre mille
Ben était surtout connu pour ses œuvres calligraphiées de manière enfantine, en lettres blanches sur fond noir. Ces inscriptions, uniques et claires, étaient devenues sa signature, un logo reconnaissable entre mille. Depuis plus de cinquante ans, les mots étaient au cœur de son œuvre, unissant concept et popularité, histoire et actualité.
Un parcours artistique riche et foisonnant
Né en Suisse le 18 juillet 1935, Ben a commencé sa carrière artistique dans une librairie-papeterie à Nice, achetée par sa mère pour l’inciter à trouver une voie. Rapidement, il transforme ce commerce en un lieu d’exposition et de rencontres pour les jeunes artistes de l’avant-garde niçoise. Le Laboratoire 32, devenu la Galerie Ben Doute de Tout, est ainsi devenu un espace emblématique pour l’art contemporain.
En 1975, ses œuvres font leur entrée dans les collections du Musée national d’art moderne à Paris, consacrant ainsi son influence et son talent.
L’art et la vie, une indissociable unité
Pour Ben, l’art ne devait jamais être séparé de la vie. Sa maison à Saint-Pancrace, surnommée « Chez Malabar et Cunégonde », était à la fois un lieu de vie, de création et de débats artistiques. Ce lieu, rempli d’œuvres, d’archives et d’objets de récupération, est aujourd’hui la Fondation du doute, un hommage vivant à la philosophie de Ben : une prolifération artistique sans limites, où l’économie de la subsistance par la récupération et le troc remplace le marché de l’art capitaliste.
Une figure clé du mouvement Fluxus
À la fin des années 1950, Ben rencontre Arman, Yves Klein et d’autres artistes du Nouveau Réalisme. Ces rencontres influencent profondément son œuvre. En 1962, il participe au Festival of Misfits à Londres, où il rencontre George Maciunas, fondateur du mouvement Fluxus. L’année suivante, Ben organise à Nice une série d’événements Fluxus, marquant ainsi l’arrivée de ce mouvement en France.
Ses voyages, notamment à New York en 1964, renforcent son lien avec Fluxus, et il ne cessera de porter son message tout en cultivant sa propre singularité.
Un art conceptuel et activiste
Ben utilise des gestes simples pour créer des œuvres d’art percutantes. Ses déclarations calligraphiées, souvent provocantes et humoristiques, engagent un dialogue avec le public, suscitant des réactions et des débats. Il joue avec les contradictions, affirmant la non-séparation de l’art et de la vie.
Ses œuvres, qu’elles soient des objets signés ou des performances, visent à transformer la conscience du monde sans ajouter de nouveaux objets, mais en réinterprétant ceux qui existent déjà.
L’héritage d’un artiste inoubliable
La disparition de Ben laisse un vide immense dans le monde de l’art. Son œuvre, marquée par une quête incessante de vérité et une remise en question permanente, continuera d’inspirer et de provoquer. Son approche unique, mêlant simplicité et profondeur, a su toucher un large public, rendant l’art accessible à tous.
Benjamin Vautier, alias Ben, était plus qu’un artiste : il était un philosophe de l’art, un provocateur bienveillant, et une figure essentielle de l’art contemporain. Son héritage perdurera, rappelant l’importance de l’innovation, de la diversité et de l’intégration de l’art dans tous les aspects de la vie.